Les voyages de Romain, le globe-trotter
C’est au cours de mes recherches pour mon blog, sur Facebook, que j’ai rencontré Guillaume, français, habitant l’Australie. Tout en devisant de ses superbes photographies qu’il me permettait d’utiliser, nous avons discuté de ma rubrique « Portrait », de ces personnes atypiques que j’aime découvrir et rencontrer. Il m’a alors parlé de Romain, son pote Globe-Trotteur.
Quand Guillaume me dit que Romain est parti depuis 7 ans de France, qu’après avoir vécu quelques années en Océanie, il est allé en Asie et qu’en ce moment il se trouve en Amérique du Sud, je suis curieuse d’interviewer ce nomade. Est-ce une sorte d’hippy un peu déjanté qui voyage en fonction des opportunités du moment ? Est-ce un vagabond désenchanté qui fuyait quelque chose de particulier (une famille, un amour malheureux, une déception quelconque) ? Je suis curieuse. Curieuse et intriguée.
C’est aussi sur Facebook que je fais la connaissance de Romain. Et j’avoue que c’est une véritable surprise. Je lui ai laissé un message privé, sans trop y croire, pensant que les connections Internet en Amérique du sud ne sont peut-être pas évidentes. Et puis quelques heures après, à 14 h, heure française, j’entends la sonnerie d’une notification Messenger sur mon mobile. C’était Romain. Après 12 h de bus, il arrivait en Argentine.
Définition du Larousse de « Globe-Trotter » : personne qui parcourt le monde !
C’est exactement ce qu’est Romain. Il a déjà parcouru une bonne partie du monde : Océanie, Asie, Moyen-Orient, les Amériques. Il ne fuit rien, n’est pas un vagabond paumé, mais un homme structuré qui attendait autre chose de la vie !
Le voyage en Argentine d’aujourd’hui, c’est une longue histoire. Alors, je commence par le début.
Romain a toujours voyagé avec ses parents. A 24 ans, malgré un BTS Action Commerciale en poche, les petits boulots s’enchaînaient et lui laissaient un goût amer, lui présentant un avenir peu reluisant. Il a alors choisi de parfaire son anglais en Irlande pendant 4 mois pour prendre le large, voir autre chose, être ailleurs… Cette expérience est vraiment révélatrice pour lui, et ne sera que le début d’une nouvelle vie. C’est le déclic : il ne rentrera que pour repartir. Loin, cette fois. Durant ce voyage, il s’est débrouillé seul. Ce sont ses ressources morales, son indépendance, sa capacité à aller naturellement vers les autres, et sa force de travail, qui lui font dire qu’il va se donner une chance de vivre autre chose qu’un quotidien décevant. En conséquence, c’est décidé : il partira, quoiqu’il arrive !
Son choix se porte sur l’Australie. Pourquoi ? Parce que l’histoire australienne est jeune (150 ans), parce que les opportunités y sont plus intéressantes, parce que cette culture s’inspire d’un mélange cosmopolite, parce que les gens y sont plus ouverts. Puisqu’il est un homme réfléchit, il prépare son départ pour y vivre un an. Il s’aidera de ses économies (6.000€). Ses amis et sa famille le trouvent heureux, confiant et déterminé pendant ses préparatifs en 2009. Ils veulent le revoir dès son retour, mais au fond de lui, il a déjà l’envie de ne jamais revenir.
C’est ce pays qui va qui lui inoculer le virus. Il vit aussi de petits boulots au début. Il alterne voyages à travers l’Australie, et emplois pour subvenir à ses besoins quand ses économies ne suffisent plus. Puis il trouve un job d’élagueur dans une ferme en plein milieu de nulle part dans l’Outback australien, à 45° sous le soleil. C’est là qu’il tombe amoureux d’Amy, la jolie anglaise, cueilleuse de fruits, qui comme lui a attrapé ce même virus il y a bien longtemps.
Ils étaient faits pour se rencontrer. La liberté à deux, c’est bien plus grisant, bien plus grandiose ! Alors ils décident de continuer leur périple, ensemble. Finalement, Romain restera en Australie pendant 2 ans.
En alternant travail et vacances, ils ont réussi à épargner. Ils se sont alors envolés pour l’Asie. Amy connaît déjà ce continent, elle est allée jusqu’au camp de la base de l’Annapurna. Ce sont 7 mois inoubliables : Indonésie, Malaisie, Thaïlande (où ils obtiennent leurs brevets de plongée), Birmanie, Laos, Cambodge, Vietnam, Inde, Népal, le tout en mode voyage. Pas de travail, juste des rencontres et des aventures extraordinaires comme un trek de l’Everest, puis terminent leur périple par Singapour.
Leurs économies s’amenuisent. Ils décident de se poser un peu. Ils optent pour Singapour, mais déception : Ils ne peuvent pas y bosser car il faut parler couramment l’anglais, le mandarin, et être résident Singapourien, conditions sine qua non pour avoir le droit de travailler.
Romain s’était retiré pour une retraite de 3 semaines en Nouvelle-Zélande durant son séjour en Australie. Il connaissait ce pays incroyable. C’est là-bas qu’ils vont aller. Mais avant ils retourneront dans leurs familles qu’ils n’ont pas vu depuis pratiquement 3 ans.
En février 2012, ils repartent donc pour l’Océanie, en Nouvelle-Zélande comme prévu.
« Ce n’est pas les diplômes que les entreprises demandent là-bas, c’est ton expérience, ce que tu sais faire. Et tu le prouves ! Il n’est pas rare, qu’un patron te donne une demie journée d’essai pour montrer de quoi tu es capable. Alors c’est plus facile d’y trouver un emploi ! ».
C’est comme ça, qu’Amy trouve en 48 heures un job de professeur d’anglais, et un peu plus tard que Romain devient Travel Agent pour la plus grosse boîte de tourisme de l’Océanie dont la zone d’actions s’étend de l’Australie, à la Nouvelle-Zélande, et des USA à l’Afrique du Sud. C’est un pur hasard pour Romain qui a envoyé des cv pour répondre à des annonces. Cette agence cherchait quelqu’un qui parlait anglais et français, et qui connaissait la Nouvelle-Zélande et l’Australie pour conseiller les voyageurs sur des itinéraires et sur la location de camping-cars et de vans, moyens privilégiés des voyageurs dans ces deux pays.
Il occupera son poste pendant 2 ans. 2 années durant lesquelles ils restent en Nouvelle-Zélande. Ils décident de faire un break de 6 mois où ils vont en Birmanie, à Dubaï, en Jordanie, en Egypte, à Londres, puis en France en 2014.
De retour pour une année en Nouvelle-Zélande, ils obtiennent leurs visas de Résidents néo-zélandais (à vie).
Mais leur virus les chatouille et ne les laisse pas tranquille. Ils prennent alors leurs nouvelles économies et partent le 05 septembre 2015 pour un tour des Amériques pendant 18 mois : USA, Mexique, Amérique centrale, puis l’Amérique du Sud. Aujourd’hui (tout juste un an après leur départ d’Auckland), ils séjournent en Argentine où ils enseignent l’anglais dans une école privée. Puis pour terminer leur trip, il leur restera la Patagonie et le Brésil à découvrir.
Quand je lui demande s’il se sent déraciné, il me répond qu’il est expatrié. Romain se sent bien Français. Il a d’ailleurs plaisir à parler de son pays, de sa culture, de politique et d’économie françaises, mais la France lui parait de plus en plus loin. Elle restera son point d’encrage, mais il ne pourra plus y travailler. Il se sent aussi australien et kiwi… C’est l’exemple même du citoyen du monde car sa culture à lui, ce sont ces mélanges culturels justement et ses modes de vies si différents du nôtre. Ce sont également son ouverture d’esprit et son humilité :
« Il ne faut pas oublier que quand tu vis ailleurs, tu es immigré. Tu dois apprendre la langue, travailler et faire tes preuves ! ».
Amy et Romain n’arrêteront pas de voyager. Je crois que ces sentiments de liberté, d’envie et de besoin d’inconnu, d’imaginer un ailleurs et de s’y rendre, de le vivre, de s’en imprégner, de voir des paysages hallucinants et d’être en leurs seins, de coudoyer des gens qui sont si différents d’ici et qui vous ouvrent les bras, et ces moments de solitude si particulière, sont tellement intenses que vous devenez dépendant, littéralement accroc à l’infinie possibilité d’une liberté totale !
« Se lever le matin dans son van, sur une plage en Australie, et se demander où l’on va, c’est grisant ! Chaque être humain devrait avoir la possibilité de vivre ça une fois dans sa vie. Il n’y a pas de mots pour expliquer ça. Les sentiments que l’on ressent pendant ces voyages sont indescriptibles et l’on se retrouve face à soi-même bien souvent. Ce sont aussi des voyages intérieurs : Quand je vivais en Australie, je suis parti 3 semaines en Nouvelle-Zélande. J’avais besoin de faire un point. C’était avant de rencontrer Amy. J’ai loué une caisse, et je suis parti tout seul avec une tente. Je ne parlais pas à grand monde. J’étais tout le temps en trek, au milieu des forêts, des lacs, des montagnes… Il fallait que je me retrouve sur plusieurs choses… »
De son pire souvenir à Sumatra, quand il a eu un accident de moto avec une plaie profonde à un genou, aux meilleurs moments tels que le trek de l’Everest dont je vous parlais tout à l’heure, au camp de base pendant 2 semaines à 5.350m, ou le sommet du Huyana Potosi en Bolivie à 6.088m d’altitude, ou quand ils ont nagé avec des dauphins et des raies Manta en Australie et en Nouvelle-Zélande, ou encore quand ils ont croisé le chemin de paresseux et de toucans en pleine nature au Costa Rica… Tout n’est que magie et d’une intensité inouïe.
C’est pour toutes ces raisons qu’Amy et Romain sont heureux, et qu’ils continueront de voyager. Ils emmèneront leurs enfants quand ils en auront, pour qu’ils apprennent cette humilité et l’ouverture d’esprit qu’ils ont décelé au cours de leurs pérégrinations, et partageront ces inoubliables expériences.
D’ailleurs, si Romain devait donner des conseils aux jeunes, il leur dirait :
« Finissez vos études, et partez, car la meilleure expérience de votre vie, c’est le voyage. Pensez par vous-même, et arrêter de suivre les autres. Voyez par vous-même. Expérimentez, explorez, rêvez la vie. Ce n’est pas boulot-métro-dodo, c’est plus que ça ! ».
Pour les voyageurs, il conseille de commencer par voyager en Europe, pour voir comment on réagit à 1 h d’avion de chez soi. Si c’est positif, le monde est à nous, à notre portée…
Et quand je le questionne ce qu’il va faire quand il aura terminé sa découverte des Amériques l’année prochaine (d’ici 6 mois environ), il m’explique qu’ils vont rentrer dans leurs familles puis qu’ils resteront en Europe qui leur manque un peu quand même depuis 7 ans. Barcelone sera peut-être leur choix, mais rien n’est figé. Aujourd’hui à 32 ans pour Romain et 30 pour Amy, ils ne voient leur avenir qu’en bourlinguant encore et toujours, parfois ici, parfois là… Il leur reste tant de pays à découvrir.
Le monde a l’air trop petit pour Romain et sa compagne. Leur soif de liberté sera-t-elle étanchée un jour ? Ceci dit, il reste un ultime rêve à Romain : voir la Terre de l’espace… Cette planète bleue qu’il ne cesse de parcourir avec Amy…
Merci infiniment à Romain pour toutes ses magnifiques photos et surtout pour le temps qu’il m’a accordé ! Rendez-vous sur son profil Facebook pour suivre ses aventures et ses voyages.
5 réflexions sur « Les voyages de Romain, le globe-trotter »
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Retrouvez le parcours en détails de Romain sur le blog Valise Volante, expériences de travail et de vie à l’étranger !
Australie : http://www.valisevolante.fr/2016/08/pvt-2-ans-en-australie-par-romain/
Nouvelle Zélande : http://www.valisevolante.fr/2016/08/pvt-nouvelle-zelande-par-romain/
Et ce dimanche 11 Septembre : Bénévolat au Guatemala dans un centre d’accueil pour animaux 🙂
Bonjour pas moyen d’être sur avec les ambassades et consultas de France ces pire que Asterix!
Je demande à des voyageurs ayant fais un voyage Amérique du Nord – Amérique du Sud.
Si Je peux avec une demande ESTA passer moins de 3 mois en Amérique du Nord pour ensuite passer moins de 3 mois en Amérique du Sud et revenir en France. (en tout 6 mois sur le continent). Et si il est possible d’acheter et d’assurer un van (environ 3000€) et de le faire assurer?
https://www.facebook.com/LiveForYourDreamAmeriquaTravel/
Anthony, posez la question à Romain, il est peut-être en mesure de vous répondre. J’ai mis un lien sur son profil Fb quand vous passez la souris sur son nom !
Des voyageurs j en croise souvent, mais les globe-trotters pas encore…. Ca fait toujours du bien de lire des articles qui confirment ce qu’on pense et ressent, de savoir qu on n est pas tout seul!!!
Un grand merci a toi d avoir partager ce joli portrait au plaisir de te lire a nouveau 😉
Merci infiniment ! Bientôt tu pourras découvrir le portrait d’une voyageuse pas comme les autres, une petite jeune fille qui a tout quitté sur un coup de tête pour aller vivre à l’autre bout du monde, celui d’un réalisateur-producteur, d’un hard-rocker, d’une femme politique, d’un navigateur, et plein de surprises ! Contente que tu aimes ! Bonne journée à toi !