Michel Boujenah, le cœur en braille
Michel Boujenah a toujours représenté l’image de la gentillesse incarnée à mes yeux : humoriste, comédien, et parrain du Téléthon entre autres… Je me rappelle de lui dans « 3 hommes et un couffin », « 18 ans après », « Les misérables », « Don Juan », mais aussi l’humoriste avec la chemise rouge et les bretelles, l’homme au sourire jovial et au rire communicatif. Mais Michel Boujenah c’est aussi un réalisateur, aussi réaliste que tendre. C’est « Père & fils », son sublime premier film où un père rassemble ses fils autour de lui, puis « 3 amis » une histoire d’amitié entre 2 hommes et une femme qui se connaissent depuis l’enfance.
« Le cœur en braille » est donc son troisième film. Merveilleuse histoire entre Marie passionnée de violoncelle et douée à l’école, et Victor sympa mais qui galère en cours. Quand Marie lui révèle son secret, les 2 adolescents vont conclure un pacte, l’un aidant l’autre et vice et versa.
Alors pour cette rencontre, j’ai eu un peu peur d’être déçue. Peur qu’il ne soit pas aussi sympathique qu’il ne le paraît, et qu’il ne soit pas comme j’imaginais cet artiste que j’adore depuis ses débuts.
Dans le hall du cinéma de Rochefort, j’ai été accueillie par Monsieur Patrick Lemonier, le directeur. J’ai vu arriver une grosse berline noire. Plusieurs personnes en sont sorties. Le temps de me retourner pour répondre à la question d’une femme à côté de moi, j’ai réalisé que Michel Boujenah était là, entouré de ses collaborateurs.
L’heure de la conférence de presse était arrivée. Nous sommes montés dans la salle prévue à cet effet. Michel s’est assis en face de nous, en face de moi. J’étais si contente, si fière, un peu comme une groupie. Hervé Blanché, le maire de Rochefort a été invité pour cette occasion. En attendant que la presse soit présente au complet, nous avons commencé à discuter. Mr Blanché a présenté sa ville, et Mr Boujenah l’a questionné. Passionné de bateaux, il s’intéressait réellement à ce qui lui été expliqué.
C’est à ce moment-là que la présence de Michel Boujenah a pris tout son sens. Il a commencé à parler presqu’en toute amitié, nous expliquant qu’il adorait la pêche, les bateaux, la mer quand Hervé Blanché lui parle de l’Hermione. Il nous a fait rire plusieurs fois d’ailleurs. Il a de l’esprit naturellement. Puis petit à petit, il nous a parlé de son film. Cette conférence de presse a pris un ton amical, un peu comme des amis qui dîneraient ensemble et parleraient de leur travail.
Je pourrai vous parler de son film, mais ça, vous pourrez le lire dans tous les médias que vous connaissez. Car il nous a présenté son film, ses acteurs, la virtuose Alix et Jean-Stan qui lui faisait penser à Belmondo, de la façon qu’il a eue de les caster. D’anecdotes, de leur capacité de travail, de leur force, de leur maturité, de leur passion. Mais moi je brûlais d’en savoir un peu plus sur lui, sur l’homme qu’il est… S’il avait gardé, encore aujourd’hui, cette sensibilité qu’il a toujours eue et qui a fait de lui cet homme que nous aimons tous, ou s’il était blasé. Il ne l’était pas… Sa réponse était encore plus belle que celle que j’avais pu imaginer.
« Oh non je ne suis pas blasé. La vie, quoi qu’il arrive, c’est de continuer à s’aimer, à faire l’amour, à être inquiet pour nos enfants, à rire, à raconter des histoires, à regarder le soleil se lever… Continuer à vivre quoi qu’il arrive, voir au-delà de tout… Comme la petite Marie de mon film. »
Il nous a expliqué qu’il a toujours été épaté d’être en vie. Qu’il est heureux de faire ce qu’il fait, qu’il pensait ne pas s’être trompé. Puis il a nous demandé si nous connaissions la différence entre une erreur et une connerie. Devant une réponse collégiale négative, il nous a expliqué que : « une connerie, c’est quand on sait qu’on fait une erreur, mais qu’on la fait quand même ! ».
Je lui ai demandé s’il avait autant d’émotions qu’au tout début. Il a répondu qu’il en avait bien plus car il savait ce qui l’attendait. « Quand on saute d’une falaise, la première fois, on est inconscient. Mais la deuxième fois, la troisième, on sait à quoi d’attendre… Et c’est là qu’on angoisse ! » L’angoisse est sa vieille compagne quand il sort un film. Il se demande si les gens vont aimer son travail et si son film est bon. Pourtant il reste émerveillé de ce qu’il vit.
« L’humour est super important pour vivre et pour garder son émerveillement » a-t-il dit avec son grand regard bleu.
Ce film l’a sauvé du cinéma. Il avait décidé d’arrêter la réalisation car son second film « 3 amis » n’a pas très bien marché. Mais ce livre lui a donné envie de recommencer. Alors il se soumet à nouveau au verdict de son public et de ceux qui pourraient le découvrir.
Quoiqu’il en soit, Michel Boujenah a respecté sa légende. Il est authentique, généreux, et sincère. Sa sensibilité, son sens de la famille, de l’amitié ne sont pas vains. Sa réalité est composée de respect de l’autre et de la vie. Finalement, il a été à la hauteur de la façon dont je le voyais et pour rien au monde, je ne manquerai la sortie du « Cœur en braille » le 28 décembre.
Un grand merci à Jean-Marc Bouérie du journal Le Littoral, et à la famille Lemonier du cinéma de Rochefort, pour m’avoir permis de vivre un moment d’une telle intensité. Un grand merci aussi à Michel Boujenah pour le temps qu’il m’a accordé.
2 réflexions sur « Michel Boujenah, le cœur en braille »
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Bel article. Merci et envie de voir le film.
Merci beaucoup ! On partagera nos impressions le 28 décembre !