Creuser, soulever. La terre rejette de grosses mottes noires imbibées de fumures et de vers. L’engin tiré trace des sillons parallèles. Les aigrettes viennent s’y poser avalant goulûment la nourriture à portée de bec. Quelle aubaine ! Le tracteur ronronne. Assis confortablement dans sa cabine, le casque aux oreilles, le paysan écoute l’onde hertzienne de la radio qu’il a tentée de capturer sur son lopin de labour. Sur le vieux marronnier solitaire, les corbeaux perchés observent, d’un œil moqueur, les petits échassiers blancs suivre inlassablement l’histoire tracée par l’homme et sa charrue.
Rien à voir avec ma proposition du livre à lire ce mois. Ou peut-être un peu quand même.
Allez jeter un oeil dans les pages du petit manifeste de Michel Serres, « C’était mieux avant! », un coup de gueule plein de malice comme le présente son éditeur (LE POMMIER). Michel Serres est un philosophe contemporain, membre de l’Académie Française. Ce n’est pas rien. Il creuse, soulève le bourbier de notre vision étroite du monde. « Le Français râle, critique, s’indigne, tempête, rouspète, crie au scandale, se met en colère. Au moins trois fois la semaine, ce dernier mot orne la une de nos journaux. (…) » écrit-il dans la première page du livre.
Critique Télérama du 9 septembre 2017
Dans son dernier opus, “C’était mieux avant”, le philosophe répond aux “grands-papas ronchons” qui idéalisent le passé. Avec un ton malicieux voire railleur, Michel Serres célèbre l’époque actuelle en quelque centaines de pages.
C’était mieux avant, par Michel Serres, Le Pommier, 95 pages, 5 euros
Le temps des labours approche. Pourquoi ne pas associer l’agriculture à la culture et/ou la littérature ? Le paysan cultive la terre, inlassablement, cultivons notre âme.
Côté accords : la petite règle d’orthographe du mois
« On en prend plein les yeux! »
« Plein » ne s’accorde pas avec « les yeux », plein est un adjectif qui présente la particularité de pouvoir se placer avant le nom et son déterminant (en général, les adjectifs se placent après le déterminant). Dans ce cas, plein reste invariable.
Regardons avec un nom féminin :
« On en prend plein la tête. »
Bonne lecture
Prof et auteure, Véronique Beauvoit nous émerveillera de ses trouvailles : livres (romans, essais, philo…) et revues. Elles seront toutes accompagnées par une petite règle d’orthographe ou de grammaire pour notre plus grand plaisir.
Rédigé par : Véro Beauvoit