Jérémy Arrivé, un intellectuel dans un corps de sportif

Un jour que je préparais une conférence sur le stress du chef d’entreprise, un ami, Brahim Hanafi, m’a conseillé de rencontrer Jérémy Arrivé qui est Diététicien Nutritionniste, Préparateur Physique Professionnel, Personal Trainer en musculation et en sports de force, Consultant TV – Coach minceur pour le groupe M6, et chargé d’enseignement universitaire en Physiologie de l’effort par l’Université de Poitiers.

Comme beaucoup de personnes, j’avais des préjugés concernant les sportifs. Pour l’interview, je pensais voir arriver une grande baraque en survêtement qui m’expliquerai comment et pourquoi il mangeait des graines, en faisant des métaphores footballistiques ou quelque chose d’approchant. Quelle ne fût pas ma surprise quand j’ai vu arriver Jérémy : élégance, sobriété et savoir-vivre. Alors oui les filles, il est physiquement intelligent c’est certain, mais pas que… J’ai d’ailleurs heurté un mur en plein vol quand il m’a parlé de Socrate.

« Coacher vient du mot cocher, c’est-à-dire conduire vers … » explique-t-il.

Jérémy coache tous les profils : hommes et femmes de tous âges, adolescents, grands cardiaques, obèses, chefs d’entreprise, les personnes qui veulent reprendre une activité physique, perdre du poids, ou qui veulent juste une certaine hygiène de vie… Si seule la maîtrise de la vie permet d’avancer sur une bonne voie notamment dans le sport, il est impossible de tout contrôler. Il faut savoir l’accepter. La sagesse et la sérénité, acquises avec le temps, facilitent le fait de comprendre pourquoi les choses se passent.

La chronobiologie tout spécialement (rythme de la nature) est un des points clés pour réussir un accompagnement diététique et/ou physique. Il apprend d’abord à connaître ses clients ou ses patients selon ce qu’ils attendent de lui. Il doit savoir quelles sont leurs envies, leur motivation, leur parcours, découvrir leur environnement, leur vision de la vie, ce qu’ils sont au fond d’eux-mêmes avant de pouvoir les aider :

« Le client a son bateau et tient la barre, les voiles et le vent c’est mon affaire. Etre efficace dans la fluidité, ça c’est très martial et capital dans les sports de combat par exemple. C’est une des clés que je veux transmettre aux personnes que je coache quotidiennement et que dans notre société, il y a des comportements psychotoxiques qui nous rongent, qu’il faut les détecter… Savoir prendre du temps libre, accepter les temps faibles, et le Ying et le Yang qui font partie intégrante de notre corps et de notre esprit. » explique Jérémy.

La « préparation » est essentielle dans tous les domaines. Elle permet la performance. Jérémy précise qu’il n’y a pas de performance sans stress.

« Faire du sport rétablit les énergies. C’est se sentir plus fort grâce au sport. Se sentir capable de traverser des choses difficiles, car la vie est un challenge. Alors on se détache du chaos. Néanmoins, pour y parvenir, il ne faut pas oublier que la nourriture intellectuelle est nécessaire. »

Ce discours m’interpelle. Alors je lui demande pourquoi les choses, pour lui, ont besoin d’avoir un sens à ce point, et pourquoi il a ce besoin, presque viscéral, de tirer les autres vers l’excellence et de leur permettre de réussir leur projet. La réponse est inattendue après un long silence :

« Parce que je me sens petit comme le disent les stoïciens. Peut-être que c’est parce que j’ai un petit frère qui est handicapé que j’ai besoin de comprendre les choses et les événements. Peut-être que c’est aussi parce que mes parents n’ont pas pu faire d’étude… Je suis allé vers le savoir… Mais aujourd’hui, j’ai l’impression que plus j’en sais, moins j’en sais »

Des études ? Parlons-en : Jérémy est Titulaire d’un Brevet d’état d’éducateur sportif musculation et sport de force, d’une Licence STAPS, Entraînement sportif, d’un Master Professionnel STAPS en Ingénierie de l’entraînement sportif dont il est sorti major de sa promotion, et d’un DUT en Génie biologie. Il est toujours fasciné par l’alliance de la science, du sport et de la curiosité.

Fan de biologie grâce à ses racines scientifiques, et accroc précoce au sport sur plusieurs fronts (handball, boxes, haltérophilie, force) il a obtenu quelques titres honorables du niveau régional à national acquis tout au long de son parcours. Parce que la science continue d’évoluer, il continue d’apprendre malgré ses 7 ans d’études après son bac S. Il continue de participer à des formations, des conférences, et il lit énormément.

« Il faut lire. C’est la construction de la pensée active… Une porte en ouvre trois… On n’a jamais fini d’apprendre. Avec la philosophie, on a des pistes de réflexions. Il n’y a pas de limite. Il me faudrait une deuxième vie : la première pour apprendre, la deuxième pour faire comprendre. Quand j’ai une clé, j’ai envie de donner en retour. »

Enseigner d’homme à homme est préférable, plutôt que de donner des recettes-miracles. C’est pour cela qu’une partie de son activité est le coaching. Il ne donne pas de programme, mais un enseignement à la carte, tiré de la science, de la psychologie, et de la nutrition.

« Ce n’est pas, parce que nous n’avons pas la carotte à la fin du mois ou de l’année, qu’on n’avance pas. Dès lors qu’on accepte une certaine quantité d’efforts et de sacrifices, on arrive forcément à réaliser nos projets quels qu’ils soient. »

Jérémy m’a alors raconté l’anecdote du colibri de Pierre Rabhi, un essayiste français, agriculteur bio, romancier et poète qu’il apprécie particulièrement, pour que je comprenne bien ce qu’il tentait de m’expliquer :  Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit :« Je le sais, mais je fais ma part. ».

CQFD.