L’abandon : une blessure dont on peut guérir !

Publié le 9 février 2024 Catégorie : Reportages

Bien souvent on ne parle que des pères qui n’assument pas leur paternité, pourtant depuis les combats de Simone Veille, les pères ont évolué dans leur attitude face à leurs enfants. Ce dont on parle moins, ce sont de ces mères qui abandonnent elles aussi leur progéniture. Pourtant, abandonner un môme aujourd’hui est considéré comme un délit sanctionné par le Code Pénal. Il peut même être considéré comme un abandon de famille. Il y a également des enfants dit « délaissés » selon un terme juridique. Sans juger ces parents abandonniques, qu’en est-il de ces bambins lorsque leur(s) parent(s) leur tourne(nt) le dos pour quelque raison que ce soit ? Faisons un point juridique d’abord, découvrons les différentes causes des abandons/délaissements puis abordons le côté psychologique des enfants ensuite !

Que dit le Code Pénal en cas d’abandon ?

Le Code Pénal dit que l’abandon d’un enfant est le fait « par le père ou la mère, de se soustraire, sans motif légitime, à ses obligations légales au point de compromettre la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de son enfant mineur « . Ce délit est sanctionné par deux ans d’emprisonnement et 30.000€ d’amende.

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Ainsi, s’il faut plusieurs conditions pour reconnaître l’abandon d’un mineur non-émancipé, il faut qu’un motif grave soit à l’initiative de l’abandon de l’enfant. Il n’y a pas besoin qu’un « dommage » soit survenu au petit. Il suffit qu’un risque ou qu’une preuve de sa mise en danger soit reconnu pour que l’abandon soit constaté.

Évidemment, que ce soit le père ou la mère qui abandonne l’enfant, le parent en question sera privé de son autorité parentale et n’aura plus aucun droit sur son fils/sa fille. Cela dit, cela ne l’exonère pas de verser une pension alimentaire pour son enfant, car il peut être poursuivi pour abandon de famille s’il est défaillant pendant plus de deux mois. Le daron/la daronne sera alors puni(e) par deux ans de prison et 15.000€ d’amende.

Dans les deux cas, les conséquences pénales et civiles sont conséquentes.

Et le délaissement d’un enfant alors, c’est quoi ?

Le délaissement est un acte différent de l’abandon, même si les deux délits se ressemblent un peu. Le Code Pénal, lui, fait la différence et dit que  » Un enfant est considéré comme délaissé lorsque ses parents n’ont pas entretenu avec lui les relations nécessaires à son éducation ou à son développement pendant l’année qui précède l’introduction de la requête, sans que ces derniers en aient été empêchés par quelque cause que ce soit. « 

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Si l’abandon ne peut être fait QUE par l’un des deux parents, le délaissement est commis par les deux parents pendant au moins un an. En l’occurrence, cela veut dire que l’enfant a été abandonné dans des conditions dangereuses pour lui-même, mettant en péril sa sécurité et sa santé. Quoiqu’il en soit, les géniteurs peuvent répondre de leur acte par sept ans de prison et de 100.000€ d’amende.

Qu’est ce qui se passe pour abonner un enfant ?

En France, comme je l’expliquais en préambule, il n’y a pas que les pères qui quittent le navire. Les mères abandonniques sont plus nombreuses qu’on ne le pense et ont souvent des problèmes psychiatriques qui ne sont malheureusement pas toujours pris en charge (dépression post-partum par exemple). Le résultat, c’est environ 500 bébés nés sous X/an, des nnouveau-nés qui ne sont pas forcément abandonnés à l’ASE ou dans un endroit visible. Il y a parfois des mères qui laissent leur enfant dans des endroits improbables où les bébés ne peuvent pas survivre ou ne survivent que par hasard.

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Ce genre de décision est issue de différentes situations, toujours douloureuses ou inconscientes, dont les plus courantes sont :

  • Le viol : la mère ne peut pas supporter d’élever le fruit de son agression ;
  • Une grossesse non prévue ni désirée dont l’un des deux parents finira par quitter le foyer familial ;
  • La souffrance liée à l’alcoolisme et/ou la toxicomanie qui rendent impossible le fait de s’occuper d’un enfant ;
  • La fragilité économique, car on oublie trop souvent qu’une pauvreté extrême peut parfois empêcher de nourrir et d’élever son enfant ;
  • Les mères sans instinct maternel et/ou les parents immatures. Ce sont des personnes qui ont voulu avoir un enfant la plupart du temps, mais qui ne s’attendaient pas à ce qu’était le fait d’élever un enfant. Les responsabilités deviennent alors des contraintes insupportables.
  • Et enfin, il y a le parent qui abandonne son enfant parce qu’il y a des problèmes dans le couple et qui s’en va de la maison pour refaire sa vie ailleurs, repartir à zéro. Bien souvent, ce schéma se reproduit car le problème rencontré par le parent n’est pas réglé. Malgré tout, il refait sa vie et parfois refait aussi des enfants.

Nous ne naissons pas parent, nous le devenons ! C’est ce dont il faut avoir conscience…

Et psychologiquement qu’est-ce qu’il se passe pour l’enfant ?

C’est une véritable souffrance, on ne va pas se mentir. Je vous explique tout ça :

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Selon l’UNICEF, 650.000 enfants seraient abandonnés tous les ans (bébés, enfants et adolescents). Ce sont des blessures qui peuvent se soigner grâce à des thérapies. Il est nécessaire que ces enfants, lorsqu’ils ont la capacité de le faire, soient pris en charge par des psychiatres/psychologues. Ces professionnels(les) les aideront à guérir leurs blessures plus ou moins facilement, du moins à les adoucir, peut-être même de pouvoir vivre sans avoir tout le temps la crainte d’être à nouveau abandonné, et qu’ils apprennent à se faire confiance, à eux comme aux autres.

L’enfant abonné a tendance à devenir un adulte qui cache ses émotions. Il a souvent la sensation d’être dévalorisé parce qu’il a été abandonné. Il craint d’être rejeté par tout le monde (par tout son entourage : amis, collègues, relations amoureuses) et d’être indigne d’être aimé. Il se rend responsable de son rejet par son parent. Il pense que c’est de sa faute s’il a été abandonné, car il s’imagine nul, inintéressant, voire insignifiant. Il a besoin de s’isoler pour tenter de se protéger, même s’il a peur de la solitude qui le dévaste littéralement (puisqu’elle est le symbole même de son abandon). Au moins personne ne peut l’atteindre lorsqu’il est seul. Même s’il est aimé par l’autre parent, par ses amis, par sa famille, il souffre profondément d’une façon incontrôlable…

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Il est important pour l’adulte qui a vécu cette expérience, de faire le deuil de l’enfant abandonné, de la victime qu’il a été, d’avancer, de panser ses blessures pour ne pas reproduire le schéma ou pour ne pas être détruit par sa souffrance. D’ailleurs, il peut avoir la chance de rencontrer un adulte substituant le parent absent qui lui fera se sentir exister et ses blessures en seront amoindries. Suivre une thérapie avec un spécialiste est la meilleure solution pour voir la vie sous un angle différent et reprendre confiance en soi, en la vie, et dans son entourage.

Quoiqu’il en soit, ce n’est pas toujours un choix d’abandonner son enfant, parfois ce sont des accidents de la vie, mais ils laissent de profondes blessures parfois violemment destructrices pour les enfants et les adultes qu’ils deviendront. Il est possible de passer à autre chose et de guérir de cet outrage si l’enfant/adulte le souhaitent. Cela demandera du temps et beaucoup d’efforts, mais c’est possible ou presque, et de laisser derrière soi cette horrible douleur.

Je vous recommande le livre de Valérie BEAUFORT, psychopraticienne et psychothérapeute, enseignante à la faculté d’Aix-en-Provence et auteure, qui a écrit plusieurs livres sur le sujet. Pour commencer, je vous conseille « Se libérer de la blessure d’abandon ». Vous avez aussi un autre livre traitant le sujet, celui de Sylvie Tenenbaum, psychothérapeute « Guérir de la blessure d’abandon ».

Quoiqu’il en soit, pour tous ceux qui ont souffert d’un abandon et qui ont du mal à s’en sortir, dites-vous que souffrir vous rends meilleur. N’oubliez pas le parcours difficile de Nelson Mandela qui a lutté toute sa vie et qui a dit dans son discours d’investiture le 10 mai 1994 qu’« En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant » ! Alors, oui… Tout est possible !

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A propos de l’auteure

Fille d’un artisan-expert judiciaire, puis chef d’entreprise à mon tour, j’ai décidé de quitter le nid familial pour voler de mes propres ailes. J’ai alors œuvré dans le 1er groupe de presse français pendant 15 années. La filiale dans laquelle je travaillais a fermé ses portes après plus de 40 ans d’existence. D’un malheur est né un rêve. Je me suis alors inscrite dans une célèbre école de journalisme. Et mon diplôme d’attachée de presse en poche… Me voici…

Vous allez découvrir que je suis spontanée, capricieuse, espiègle, malicieuse faut-il croire, rêveuse sûrement, contemplative absolument, timide beaucoup et agaçante semblerait-il, sans aucun doute, pour certains…

Ce sont assurément pour toutes ces raisons, qu’il vaut mieux que j’écrive, c’est encore là que je reste la plus mignonne… Quoique !

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