Rien ne sert de courir plusieurs lièvres à la fois sous peine d’en attraper aucun, mais ça, certains hommes ne l’ont pas compris… Je vous raconte…
Imaginez la terrasse d’un restaurant : Carrelage sol imitation parquet vieilli anthracite, des tables bois vieilli style bois de palette, parasols vert anis, chaises modernes chromées. Des plantes exotiques habillent des pots aux couleurs chatoyantes et cohabitent avec des lanternes Shabby. La flamme des bougies vacille au rythme d’une brise très agréable. Dépaysement garanti pour un repas entre amis. Sensation de plénitude garantie.
Je suis au resto avec mon futur ex Armand. Oui futur ex mais il ne le sait pas encore. Vous allez vite comprendre pourquoi futur ex ! Nous sommes accompagnés de François et Lisette. François est un homme charmant avec une belle prestance, la cinquantaine passée. Lisette est une femme splendide au décolleté généreux. Armand toujours sûr de lui en impose. Je vous entends d’ici : mais où veut-elle en venir ? Un peu de patience… J’y arrive.
Le plan de table me déçoit un peu. Je me retrouve face à François, Armand est à ma droite face à Lisette. Pour une fois que j’avais envie de parler chiffons… Zut, c’est raté !
Apéro pour aiguiser les papilles, et nous passons notre commande. Vous me direz c’est une belle soirée. Et bien non ! Je suis au bord de l’explosion ! Armand fait preuve d’une indélicatesse incroyable. Depuis que nous sommes installés, Armand a les yeux plongés dans le décolleté de Lisette et insiste lourdement.
J’ai juste envie de lui plonger la tête dans son assiette et de lui faire manger son plat par les narines. Je me repends et entame une conversation endiablée avec François sur les belles mécaniques sportives. On enchaîne cylindrée, chevaux, puissance, j’exulte ! On rit, on enchaîne, on se déchaîne, c’est le pied !
Armand est juste dépité, et vu sa tête, il est au bord de l’asphyxie. Je dois vous préciser que mon futur ex aime les femmes TRÈS féminines et pas du tout férues de mécanique. Dans mon fort intérieur, je pouffe. Et oui… Mauvaise pioche mon cher ! Depuis quand une femme ne peut-elle pas être féminine ET s’intéresser aux sports mécaniques ? Il me dévisage en m’écoutant m’enflammer dans mon dialogue passionnant avec François. Tant est si bien que je m’arrête net de parler et le regarde interrogatrice :
-Qu’y a-t-il mon chéri ? (Avec un air innocent bien sûr)
-Je n’aime pas les femmes qui parlent mécanique ! Me répond il les lèvres serrées.
-Nous ne sommes plus au XIXème mon chéri, les femmes ne sont pas juste des potiches, elles ont aussi un cerveau ! (Et toc !)
Un peu vexé, il se retourne vers Lisette et blêmit. Oh le pauvre chéri ! Satisfaite du résultat obtenu, nous continuons notre repas. L’atmosphère reste toutefois détendue… Enfin pour trois d’entre nous ! D’un regard entendu avec Lisette et François, nous commandons notre dessert. La carte est très alléchante : profiteroles, glaces, fondants, croustillants, etc… Les débats vont bon train devant cette orgie de gourmandises. Dans le coup, ce sera profiteroles pour tout le monde. La patronne vient chercher la commande et repart aussitôt avec un air amusé ayant suivi le quiproquo de loin. Elle nous envoie Amandine, sa serveuse, petit bout de femme pétillante, pour nous rapporter notre dessert. La jeune femme s’exécute, très professionnelle, et nous souhaite une bonne continuation. Elle retourne à son service. J’observe Armand du coin de l’œil. Son regard est fixe en direction d’Amandine et j’imagine très bien ce à quoi il pense. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, j’ai dû avoir une crampe… Mon talon est venu percuter son tibia ! Aïïïïeee ! Fou rire intérieur bien sûr !
Amandine revient un plateau à la main : quatre flûtes de champagne nous sont offertes. Si vous êtes sages je vous donnerai l’adresse du resto…
Nous sirotons ce breuvage aphrodisiaque. L’ambiance est à la franche rigolade et la fin du repas s’annonce sans nuage. Enfin presque ! Armand ayant mal calculé la distance entre sa bouche et la cuillère relooke sa chemise blanche immaculée avec la sauce chocolat ! Ben oui, pas facile d’avoir les yeux partout ! Fou rire incontrôlé de ma part et quelques railleries bien méritées de François.
Je crois qu’à ce moment-là, il aurait pu se cacher dans un trou de souris. Dommage pour la chemise ! Et tant pis pour Armand car nos amis sont rentrés chez eux, moi, chez une amie pour une soirée pyjama et Armand chez lui… Tout seul (sans Lisette, sans Amandine… Et sans moi hihihihi) !
Comme quoi ça se confirme : rien ne sert de courir plusieurs lièvres à la fois sous peine d’en attraper aucun. A bon entendeur…
Love… Camille
Fashion victim passionnée de sports mécaniques et de déco d’intérieur, Camille croit toujours au grand amour et se console de ses péripéties amoureuses, auprès de son clan familial irlandais. Cette piquante rouquine nous relatera ses déboires sentimentaux avec humour.
Rédigé par : Camille