Jordanie : Pays des mille et une nuits
Après 2 ans en Nouvelle Zélande, nous voulions ma compagne et moi faire un break et revenir en Europe. Nous voulions revenir en nous arrêtant en chemin, en prenant notre temps, comme nous le faisons depuis bientôt 9 ans en mode voyage/travail.
Nous avions un ami rencontré en Australie et reconverti dans l’humanitaire, qui habitait à Amman (capitale jordanienne) depuis 6 mois. Il nous avait vanté la beauté de ce pays peu connu et surtout ayant mauvaise réputation à cause de ses voisins (Syrie/Irak/Israël).
Après un voyage en Birmanie de 3 semaines, puis une halte à Dubaï pendant 4 jours (là aussi pour voir une amie – c’est l’avantage de voyager, on a des connaissances partout !), nous sommes arrivés à Amman pour un voyage de 10 jours dans ce petit pays du Moyen-Orient qui recèle tant de trésors ! La Jordanie se situe seulement à 4h de vol de Paris. C’est un havre de paix au Moyen-Orient, une terre d’accueil peuplée de sept millions d’âmes dont plus de la moitié provient de Palestine et un million se compose de réfugiés syriens. Une destination de voyage où le sentiment de sécurité est omniprésent. Le contexte géopolitique régional l’épargne du tourisme de masse.
Dès notre arrivée à Amman, nous sommes pris de suite dans l’ambiance du pays. Ça se bouscule. Ça crie. Les magasins et bazars en tout genre débordent sur la rue. Au loin, on entend les hauts parleurs des mosquées environnantes. Les odeurs sont aussi très présentes. On sent les épices étalées au grand jour sur les marchés. Bref, nous voici bien au Moyen Orient !
Nous revoyons notre ami qui nous invite à rester dans son appartement pour les 2 jours sur Amman. Par la suite, nous louerons une voiture dans le pays avec lui jusqu’à Petra. Nous nous débrouillerons par nous-mêmes après.
Amman n’est pas une ville où les touristes restent. Et pour cause, la pollution y est assez importante. Ajoutez à cela le bruit permanent des klaxons et des voitures. Cela devient vite fatiguant. Néanmoins, la ville a quelques trésors, en commençant par son immense théâtre antique, vestige romain avec une acoustique ahurissante (grâce à un astucieux système, on peut entendre depuis les hauteurs des gradins ce que disent les gens au centre de l’amphithéâtre).
Ensuite les ruines du temple d’Hercule et surtout ses impressionnantes colonnes sont toujours là (la faute aux nombreux tremblements de terre et catastrophes naturelles qui ont émaillés la région depuis des centaines d’années).
Enfin, ne pas oublier les innombrables souks que contient la ville et ses superbes mosquées.
Après 2 jours passés à Amman, nous louons une voiture et partons découvrir ce fabuleux pays, en commençant par longer la Mer Morte. La beauté du paysage nous saute aux yeux…
La Mer morte, située à 410 mètres en dessous du niveau de la mer, est la mer la plus salée au monde, le point le plus bas de la Terre, et comme son nom l’indique aucun poisson ou être vivant ne peut vivre avec un taux de salinité aussi important.
Il est possible de s’y baigner, mais en respectant deux règles. La première est de ne pas y rester plus de 15mn, car le sel vous rongera littéralement la peau. La deuxième est, pour les hommes surtout, de ne pas se raser le matin, car à la moindre microcoupure, le sel s’y infiltre en vous infligent une grande douleur…
La route surplombe toute la mer. Le spectacle est magnifique avec un ciel bleu d’une pureté incomparable. Nous nous arrêtons dans un endroit que connait bien notre ami : un restaurant-bar avec une vue plongeante sur la Mer Morte. Nous en profitons pour déguster une boisson ultra rafraîchissante : une limonada (citron, menthe, un peu de sucre et des glaçons). Elle est très appréciée en Jordanie et Israël (on comprend pourquoi vu la chaleur et nous n’étions qu’en Mai !).
Nous continuons notre route à travers la campagne jordanienne avec des couleurs fantastiques, la terre rouge ocre, les champs de blé d’orge et surtout pas une voiture autour ! Depuis notre départ de Amman, c’est comme si nous étions seuls dans ce pays. Aucune circulation. Aucun bruit ne vient gâcher le paysage.
Nous traversons des champs d’oliviers et le paysage se fait de plus en plus désertique. Nous commençons à voir nos premiers Wadi (mot arabe signifiant une Oued, une vallée, ravin, canyon avec un cours d’eau souvent asséché et qui se gorge d’eau durant des pluies très fortes).
Nous arrivons devant le Mont Nebo, haut lieu de pèlerinage car c’est ici que Moise a vu la Terre promise pour la première fois et selon la légende où serait abrité son tombeau (bien que jamais identifié). En effet, on peut voir plusieurs cartes montrant la direction de Jérusalem, Bethléem, etc… On croise tout autant de touristes que de pèlerins autour de ce lieu saint (visité par le Pape Jean Paul II et le Pape Benoît XVI) ainsi qu’un musée retraçant les 2000 ans d’histoire de ces lieux.
En continuant notre route, nous arrivons à la ville de Madaba, à seulement 30 km au sud d’Amman, au bord de la route des Rois qui mène au château de Kerak et à Petra. Madaba est très réputée pour ses mosaïques byzantines et son église datant du VI siècle. Chaque recoin de la ville contient une part d’histoire.
L’atmosphère y est agréable. On assiste à la sortie des églises avec les costumes traditionnels. L’air est rempli des champs d’oliviers non loin. C’est assez difficile de s’imaginer que nous sommes qu’a 45mn de voiture d’Amman !
A partir de ce moment commence le véritable trip. Nous prenons la Route des Rois sur les traces de l’histoire Jordanienne.
Cette route fut autrefois le chemin qui mena les Hébreux en Terre Promise. Elle conduit vers les plus beaux sites jordaniens, à commencer par le lac et le barrage Wadi Mujib et sa route qui serpente sur son plateau pour offrir de superbes vues sur les montagnes et la Mer Morte.
De nombreux treks sont possibles dans ces coins là (Attention au vertige !) ou alors directement dans les canyons avec des passages à la nage et dans les cascades (bien se renseigner auparavant au niveau des saisons, des pluies, etc…).
Je prends photo sur photo tellement les lieux sont magnifiques et uniques, mais nous sommes qu’au début de nos surprises ! Notre ami nous dit que nous allons voir les fameux châteaux des croisés, Kerak et Shobak, et qu’une surprise de taille nous attend à l’un d’entre eux…
Le premier, Kerak, est sans doute le plus connu mais aussi en piteux état. Il ne reste pas grand-chose de ce majestueux château édifié au XII siècle. C’est pour cela qu’il est préférable de s’attarder plus sur celui de Shobak, en meilleur état et haut lieu des croisades avec des personnages de légende comme Saladin (sultan arabe qui libéra Jérusalem. A voir l’excellent film « Kingdom of Heaven » sur cette bataille en particulier).
En arrivant à Shobak, notre ami devient mystérieux et nous montre le chemin pour accéder à la forteresse en nous disant que la surprise n’est pas très loin…
A peine faisons-nous 100 mètres qu’il s’arrête, tourne sur lui-même et nous dit : « il y a deux façons d’entrer dans la forteresse : la voie principale, celle des touristes, ou celles qu’empruntaient les chevaliers de la première croisade, pour s’enfuir de la citadelle si besoin était…
En disant ceci, il nous montre sur sa droite une ouverture, qui ressemble à un puits, avec un local à côté, avec ses 2 ânes se demandant bien ce que nous faisons ici ! Notre ami s’approche du puits et nous montre une échelle qui descend dedans !!! Il nous dit qu’il a pris ce chemin déjà 2 fois et que ce passage mène directement dans le centre de la citadelle. Incroyable !
On lui demande combien de temps doit on marcher. Il répond de manière hésitante, « 5mn peut être un peu plus… dans le noir total » ! Heureusement il a des lampes et réussit à nous convaincre de nous joindre à l’aventure ! Nous descendons donc dans le puits. Je suis surpris de constater l’ampleur de la galerie souterraine. C’est très vaste ! Une armée entière pouvait facilement s’échapper ou attaquer l’ennemi par surprise. Après 10 mn de marche sur une pente plus ou moins grande, nous revoyons la lumière du jour et arrivons effectivement au centre de la citadelle, sous l’œil curieux de quelques touristes qui se demandent bien d’où nous sortons !
Nous visitons les lieux. La vue est splendide. Le château étant sur une colline, il domine toute la vallée. J’essaye de m’imaginer ce que devait être la vie ici il y a 1000 ans de ça.
Nous sommes maintenant à plus de 200km au sud de Amman, et nous allons enfin découvrir la perle de ce pays : Petra ! Je pense que des générations de gamins (dont je fais partie) ont en mémoire Indiana Jones et le film « La dernière croisade » avec ce moment où les héros arrivent devant la porte principale de Petra… Mais résumer Pétra à cet unique chef-d’œuvre serait comme réduire le Louvre à la Joconde…
A Petra, vous avez plusieurs options pour visiter le lieu : le Pass de 1 jour, 2 jours ou 3 jours. Je recommande fortement 3 jours sur place, de par l’immensité du site (plusieurs dizaines de kilomètres carrés), et pour l’ambiance à l’intérieur et les différents points de vue.
Le premier jour, on parcoure un canyon qui se resserre avec des variations de couleurs extraordinaires (la meilleure lumière est à midi/13h quand le soleil est à son zénith). Le canyon fait 1.5 km de long et dévoile petit à petit, la porte principale du site. Bienvenue à Petra !
Le site est très bien conservé et a gardé son charme. La plupart des sculptures sont intactes et la ville elle-même est sublime ! Car oui Petra est avant tout une cité construite par les Nabateens, ayant abritée jusqu’à 25 000 habitants à son apogée. Ville stratégique située sur les routes des caravanes transportant les épices, l’encens entre l’Égypte, la Syrie et la Méditerranée. Elle fut peu à peu abandonnée à cause de nombreux séismes et tomba dans l’oubli avant sa redécouverte en 1812 !
La ville troglodyte est entourée de roches de différentes couleurs qui lui donnent son aspect si intense et si particulier. Elle est divisée en plusieurs quartiers, avec son théâtre, ses tombeaux royaux, ses murailles, ses marches antiques, bref de quoi vous extasier toute la journée.
En ce qui concerne les randonnées, 2 me semblent essentielles :
- la première dite du Monastère vous emmènera vers le nord-ouest à la découverte du plus grand monument du site. Une vue imprenable et l’impression d’être seul au monde. Prévoyez une grosse demi-journée pour faire l’aller-retour, et beaucoup d’eau. La récompense est au bout.
- Le deuxième trek est la possibilité de voir la porte principale depuis les falaises Superbe point de vue en contrebas. Pas mal de marches mais encore une fois, boire beaucoup d’eau ! Y aller tranquillement. La vue vaut le détour !
Toutes ces marches sont indiquées une fois sur le site. Il est impossible de se perdre. Tout est très bien indiqué donc profitez-en ! Ce n’est pas un endroit où l’on vient tous les jours. Autant en voir le plus possible ! Après ces 3 jours, nous avons laissé notre ami qui devait repartir sur Amman. Nous nous sommes dirigés vers le clou du spectacle : le désert du Wadi Rum, où nous allions passer 3 jours et 2 nuits !
Le Wadi Rum est sûrement l’un des déserts les plus connu au monde, grâce à ses montagnes en grès, de ses multiples dômes et de ses arches naturelles qui lui confessent un aspect surréaliste.
Sur place, nous rencontrons notre guide, que nous a conseillé notre ami : Mohamed. Il est issu d’une famille de bédouins et connaît la région comme sa poche.
Nous embarquons aussitôt dans un 4×4, et après seulement 10mn nous voici déjà au milieu de cet immense endroit entouré de part et d’autre d’immenses falaises… La couleur dominante ici, c’est le rouge qui se décline en milliers de dégradés. Le sable d’une finesse extrême ne tarde pas à être dans les moindres recoins de nos vêtements, et recouvre d’une fine pellicule notre peau.
Une chose qui m’a toujours fasciné dans les déserts, c’est le silence, à la fois agréable et pesant. Comme une vague dont on a envie qu’elle finisse par se briser pour pouvoir de nouveau entendre quelque chose…
Nous passons à pied dans des étroits canyons que le temps et l’eau ont sculpté à merveille. Nous gravissons des dunes de sable qui donnent un point de vue somptueux. Nous voyons des rochers tenir en équilibre par on ne sait quelle magie, prêt à s’effondrer dirait-on mais toujours là depuis des centaines d’années.
Mohamed connaît tous les recoins de ce désert et nous montre des pétroglyphes, vestiges de temps anciens laissés par ses ancêtres.
Il conclut la 1ère journée en nous montrant une arche énorme qui domine à et sur laquelle on peut monter (en faisant vraiment attention à ne pas tomber !).
La journée s’achève et nous rentrons au camp (nous dormons 2 jours dans le désert). Une surprise nous attend…Ayant déjà dormi en Afrique ou ailleurs dans des déserts, nous savions que les conditions sont plutôt spartiates et pour cause, nous sommes au milieu de rien ! Or là, nous arrivons dans un petit camp fait de tentes montées sur pilotis, avec des lits en durs et des portes qui ferment à clé… Le grand luxe pour nous ! Bonus extra : un petit canapé placé non loin du camp, sur une dune, pour admirer le soleil couchant et le ciel étoilé, qui comme dans chaque désert, sont sublimes !
La soirée se passe autour du feu de camp, avec chansons et récits des bédouins (expérience à vivre une fois dans sa vie). On parle de tout et de rien, de la situation en Syrie qui les inquiète beaucoup (la Jordanie a accueilli plus d’un million de réfugies syriens depuis le début de la guerre).
Le lendemain, nous reprenons la route (ou devrais-je dire la piste, si tant est qu’il y en est une), au milieu de ces vastes étendues. Nous passons devant les 7 piliers de la sagesse, ensemble de falaises sublimes, d’immenses dunes que le 4×4 parfois peine à monter. Nous rencontrons aussi d’autres bédouins en 4×4, qui vu l’état, ont dû connaître quelques rafistolages, mais qui marchent quand même !
Durant l’après-midi, on voit au loin de gros nuages noirs monter et le soir nous avons droit à un orage dantesque avec éclairs, foudre et beaucoup de pluie. Ce qui ne manque pas de m’inquiéter, car les flash floods (crues instantanées) sont connues dans les déserts pour être dévastatrices.
Au petit matin, il s’est arrêté de pleuvoir, mais l’on peut voir les rigoles d’eau qui se sont formes sous les tentes (d’où la configuration en pilotis). Nous mettons 2 heures en 4×4 pour revenir à notre point de départ. Entre temps, l’orage est revenu de nouveau avec toute sa puissance. On voit des trombes d’eau s’abattent sur notre gauche au niveau d’immenses falaises qui semblent être en train de s’affaisser. C’est en fait la poussière accumulée sur ces falaises qui forme cette impression. Bientôt ce sont des torrents d’eau et de poussières qui dévalent les pentes à tout allure. Un spectacle hallucinant et rare au final…
Je vois que le guide a compris ce que je voyais aussi. Les torrents commencent à se former dans le désert !
Nous sommes revenus sur le bitume, mais fallait-il encore pouvoir passer à temps. Il lance le 4×4 à toute vitesse, car l’eau se forme de plus en plus vite. La force de l’eau est quelque chose de terrifiant et de beau en même temps. Beaucoup de gens ne réalisent pas son pouvoir de destruction. Heureusement, nous passons la partie la plus dangereuse et nous éloignons de l’orage. Je me tourne vers lui et lui demande : « ça arrive souvent ce genre de choses ? ». Il me répond : « c’est la deuxième fois de ma vie que je vois quelque chose comme ça…very lucky !!! ».
Par la suite, nous voulions aller à Aqaba, ville portuaire de Jordanie qui donne sur la Mer Rouge et station balnéaire très prisée des touristes comme des locaux. Hélas, l’orage, là aussi, a fait des dégâts et la route est coupée. Nous avions prévu d’aller en Égypte après la Jordanie Ce n’est que partie remise !
Nous revenons sur Amman en taxi que nous partageons avec un autre couple de touristes eux aussi bloqués par l’orage. Nous avons encore un peu plus de 24h avant de redécoller d’Amman pour partir en Égypte. Nous décidons alors de partir au nord vers la ville de Jerash.
Cette ville est très connue pour abriter des ruines dont le fameux forum oval, sans doute le plus grand forum de l’empire romain : faisant à la fois office de place publique, d’agora et de marché (de nombreuses boutiques ont été retrouvées à ses abords).
Nous prenons, là aussi, un taxi. Nous négocions un prix pour faire l’aller/retour et nous rendre sur place. Jerash est à 2 heures de voiture de Amman. Et nous voilà partis !
Nous n’avons pas été déçus…la grande cité est quasi intacte. Les piliers sont tous debout et donnent une impression de grandeur à l’ensemble. Les portes principales sont là aussi. On voit les artères principales et l’on devine avec un peu d’imagination comment était organisée cette grande ville jadis, avec ses bains publics, son hippodrome (le plus petit du monde romain), ses temples, etc..
Comptez environ 2 heures pour visiter ce site, sans se presser, qui vaut vraiment le détour de par son architecture et sa préservation.
Nous avons choisi de louer une voiture mais le pays peut se faire en bus pour les petites bourses.
La Jordanie est un pays quand même assez cher. Le Dinar Jordanien est au même niveau que l’euro (le Pass de 3 jours à Petra nous a coûté 60 euros par personne !). Donc attention niveau budget.
Après 11 jours passés dans ce pays, il est temps de repartir. La Jordanie est un petit pays certes, mais qui comporte énormément de choses. Un peuple accueillant et une nourriture à tomber par terre ! La Jordanie restera pour nous un superbe souvenir que l’on classe dans notre top 5 des plus beaux pays vus dans notre vie.
Travel Agent, Globe-trotteur et blogueur, le truc de Romain, c’est de voyager. Français, résident néo-zélandais, il habite l’Espagne et part bientôt en Afrique après avoir fait l’Asie, les Amériques et l’Orient. Ses conseils vous seront précieux pour l’organisation de vos voyages.
Rédigé par : Romain le globe-trotteur - https://www.forthesakeoftravel.com