Francis Couzinet, Champion du monde de pêche en mer
Francis Couzinet c’est THE boutique de pêche en mer aux Minîmes à La Rochelle. C’est un personnage dont je suis totalement fan. Coriace, il a été difficile de lui faire accepter l’interview. Mais le résultat est là. Il a son franc-parler, il est hyper drôle, cultivé, charmant, et réellement surprenant ! Avec les années, sa légende a largement dépassé les frontières de La Rochelle. Il faut dire que Francis Couzinet est Champion d’Europe et Champion du Monde de pêche en mer. Il a pêché et pêche partout dans le monde, dès qu’il le peut.
En reconnaissance de son titre mondial en 2012 et de ses techniques, les Anglais l’ont gratifié d’une licence à vie pour pêcher chez eux. Il en est flatté et très touché : « Je suis tombé amoureux de la pêche telle que les Anglais la pratiquent. Ils sont incroyablement fair-play. Jamais ils ne jalousent les gens qui évoluent. Bien au contraire, ils valorisent l’esprit de compétition et la réussite. En Angleterre, les gens font des selfies avec vous. En France, on vous demande comment vous avez fait pour gagner ! ».
L’Angleterre, c’est une vieille histoire d’amour entre elle et lui. Début octobre, il y sera pour un championnat international open à Weymouth dans le Sud. Ce n’est pas un trophée exceptionnel, mais il est d’une incroyable complexité et ça, il adore. Un championnat dense, intense, hyper technique, pour le plaisir et la dotation : une technique par jour pendant 5 jours. Que le meilleur gagne ! Et le meilleur, il se pourrait bien que ce soit Francis. Quand il joue, c’est pour gagner ! Etre le meilleur, ou rien. C’est pour cette raison que c’est un acharné, un bosseur… Il est du même avis que Victor Hugo « La mer est un espace de rigueur et de liberté ».
Né au Cameroun, Francis est arrivé en France à 11 ans. Sa maman lui a proposé de choisir entre le rugby et la pêche. S’il n’a pas choisi le rugby, c’est uniquement parce qu’en Afrique, il ne se pratiquait pas. Alors en 1974, sa chère mère lui offre sa première sortie en bateau : « C’était un rail de coke ! Je suis devenu accroc tout de suite ! ».
Inscrit au Club de pêche de La Rochelle depuis 43 ans, il a grimpé tous les échelons jusqu’à la présidence et à l’organisation du championnat du monde à La Rochelle en 2012 avec son équipe de bénévoles. Un parcours ahurissant comme le sien, ce n’est possible que grâce à l’esprit d’équipe. Rien ne se fait seul : « Diriger un club, oui mais pas tout seul. La pêche c’est toujours du partage…Gagner des titres, fussent-ils individuels, c’est toujours avec et grâce aux autres, organiser des concours et championnats, oui mais avec de supers équipes de bénévoles… Bref partager et vivre mes passions, mais jamais seul, sinon qui me prendrait en photo !!!! (Rire) ». Ce n’est plus de l’amour me direz-vous, mais de la rage ! Oui, absolument !
Résultat, à 56 ans, il a pratiquement réalisé tous ses rêves d’enfant : être champion du monde de pêche en mer, avoir une boutique de pêche ainsi qu’un centre… De pêche, cela va de soi ! Reste l’ouverture de cette hostellerie avec les sorties en mer à l’étranger. Au soleil de préférence. Ce rêve-là, il le garde pour la retraite lorsque son activité débordante s’arrêtera et qu’elle lui manquera inévitablement.
Mais l’aboutissement de ses rêves n’est pas le fruit du hasard, mais celui d’un dur labeur. Francis travaille sa technique chaque jour, et à chaque moment. Il vit et pense « pêche ». Ce que nous ignorons, nous les néophytes, c’est que la pêche en mer est un sport de haut niveau. Connaissance, technique, stratégie, tactique et mental sont les piliers des champions, quel que soit le sport.
Lorsqu’on parle de connaissance, ok. De technique, ok. De mental, ok. Mais de stratégie ? Il y a de la stratégie dans la pêche en mer Francis ? Oups !
« Pour gagner le Championnat qu’on organisait à La Rochelle, il fallait mettre les Français dans le rouge techniquement, pour que les autres soient à la rue. Pour certaines nations, ça a été impêchable. Quelles étaient nos limites techniques ? Imaginez un gars qui pêche en Méditerranée dans une eau très claire, sans courant, sans marée, et à La Rochelle, 6 mètres de marnage, dans une eau turbide, avec des poissons qu’ils ne connaissent pas et dont ils ne savent rien. Les appâts ne sont pas les mêmes. Les montages, les touches non plus… Même s’ils sont préparés, ils ont un retard technique… C’est dur de changer de technique. Un pêcheur à La Rochelle est capable de dire ce qu’il y a comme poissons 20 mètres en dessous quand il va bouger sa canne. Il sait ce qui vit sur le fond, entre 2 eaux, ou en surface. Le montage est adapté… C’est toujours une sélection par la technique du poisson visé, toujours… »
C’est exactement pour ces raisons-là que Francis Couzinet voyage beaucoup en dehors des compétitions : « Je ne fais pas de déplacement à l’étranger qui ne soit pas dans le but d’un championnat qui va se passer dans quelques années. Je veux en savoir le plus possible, ou en tous les cas, être le moins surpris possible. Il me faut le bagage technique pour réagir à la seconde ».
Et pour réagir à la seconde, il a appris à parler anglais. Etre réactif c’est comprendre et se faire comprendre. C’est vital : « Si vous ne comprenez pas ce qui se dit, c’est un coup de retard. Par exemple, si vous n’entendez pas qu’on va pêcher le maquereau, mais que vous entendez du yaourt, vous ne savais pas où vous allez. Et quand vous arrivez sur zone, et que vous pêchez à 20 m, ce sont des poissons de retard que vous avez… Le maquereau se pêche à 2 m sous la surface… Alors ça peut vous coûter votre place ! ».
Voici une démonstration magistrale de pêche de Francis Couzinet, filmée par Ocqueteau SA
Effectivement, je comprends mieux pourquoi Francis me disait que le maître-mot c’est la patience. Un objectif, un but à atteindre, c’est évidemment des efforts, des sacrifices à faire. On ne peut être excellent et performant qu’au bout de plusieurs années de pratique, c’est une règle. Une leçon à retenir : nous pouvons réaliser tous nos rêves, toutes nos envies si nous nous donnons les moyens de nos ambitions, à force de pugnacité et de volonté. Francis en est convaincu :
« Si vous êtes impatient, vous ne deviendrez jamais un champion. Il faut avoir un esprit de compétition terrible et surtout, croire en soi ! ».
Je ne sais pas comment se passe un championnat de pêche en mer, alors je l’interroge :
« – Vous me racontez comment se passe une compétition Francis ?
-La pêche dure 5 ou 6 heures. Avec la sortie bateau, c’est 10h dans la journée. C’est 5 jours de compétition. C’est éprouvant, car c’est du stress, de la concentration. C’est se couper du monde… Se mettre dans un cocon, ne pas être connecté… Une concentration maximale. Eviter le contact avec l’extérieur pour éviter les mauvaises nouvelles qui vont nous déstabiliser. Même dans les compétitions de billes ou le lancer de crachats, c’est de l’entrainement, de la connaissance…. En plus d’être doué, d’avoir des aptitudes, c’est l’entrainement qui compte.
-Mais vous connaissez les habitudes de tous les poissons que vous pêchez ou tous les endroits ?
-Ben c’est mieux quand même ! Quand on ne sait pas, il faut être curieux, se renseigner, sinon on ne pêche pas…
-Et vous, vous vous renseignez comment ?
-J’ai fait des études de Biologie. Mon premier métier, c’est Aquaculteur.
-Aquaculteur ?
-Oui, c’est un Bac + 5 J’ai un DESS en Exploitation des ressources côtières, un 3ème cycle lié aux cultures marines et à l’exploitation de la mer. J’étais passionné par la pêche, j’ai appris un métier en rapport avec. Cousteau m’a fait rêver ! L’océanographie est un milieu magique. »
Son secret dévoilé, il me raconte qu’il a travaillé pendant 10 ou 12 ans comme aquaculteur entre l’île de Ré et La Tremblade. Qu’il a mis en place des écloseries qui performent encore aujourd’hui. Mais l’aquaculture est un sacerdoce : c’est 7/7 jours et 24/24 heures… La vie de famille en pâtit forcément. Après un divorce et des cannes délaissées pendant plus de 7 années, il a choisi de donner une nouvelle orientation à sa vie.
Une aubaine s’est présentée chez Decathlon, au rayon Pêche bien sûr. Il a appris à gérer un rayon, des commandes, un magasin… On dit qu’il n’y a pas de hasard, qu’il n’y a que des rendez-vous. Le sien était en 2004 avec l’ouverture de son magasin… De pêche !
Un conseil, si vous voulez éviter de servir d’appâts à la pêche de Francis lorsque vous allez dans son magasin, arrêtez de lui demander si la saison a débuté !!! Tenez-le-vous pour dit : La pêche en mer, c’est toute l’année !
Mais je pourrais vous raconter des multitudes d’anecdotes sur Francis Couzinet pendant des heures. Vous raconter que lorsqu’il pêche, il ramène tellement de poissons qu’il est contraint de s’en nourrir pendant des mois ! Vous raconter sa vision du monde marin, les mers et les océans sur lesquels il a frémi au gré de ses prises…. Ses histoires de pêche avec ses copains ou les dimanches qu’il essaie de passer au calme… Il est passionnant et ses aventures le sont toutes autant. Mais le destin lui a joué un sacré tour : sa compagne, depuis une vingtaine d’années, est une passionnée de… Rugby ! En tous les cas, si elle est malade en mer, elle a su habilement motiver le marin obstiné qu’est Francis pour qu’il assiste à des matches de rugby, par amour…
Vous pouvez rencontrer Francis Couzinet à Rêves de Pêches
10, Rue de La Perruche – Les Minîmes 17000 La Rochelle
Tél : 05 46 34 90 08
Sa page Facebook : Rêves de Pêches
4 réflexions sur « Francis Couzinet, Champion du monde de pêche en mer »
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bonjour mr Couzinet ou plutot Francis ,c’est plus sympa meme si on ne se connait pas encore .
Mille bravo pour votre carriere.
je sais que vous etes tres pris mais j’aimerais vous poser une question en rapport avec ma passion : LA PECHE bien sur .
Voila, j’ai 64 ans et apres une carriere de cuisinier et restaurateur bien remplie (44 ans de fourneau)ma passion que j’ai exercé lorsque j’étais jeune et que j’ai abondonné a 15 ans a cause de mon travail reviens en force , en eau douce pour l’instant et j’espere en mer bientot .
mon soucis est de savoir si vu mon age je peut encore apprendre a pecher en mer ,car on va se mettre au chaud en Algarve 6 mois sur 12 .
j’aimerais m’acheter un » Ocqueteau » d’occasion, je viens de passer mon permis cotier .
A votre avis est ce envisageable ?
Belle journée a vous .
Lionel D.
Bonjour Lionel, Je vous remercie de votre adorable message. Mais à la fin du billet, pour rentrer en contact avec Francis, j’ai publié son contact. Vous devriez, soit vous déplacer à sa boutique, soit lui téléphoner. A très bientôt !
Bonjour Francis
peut-on pecher au surf au FORT ENET ?
Merci de me répondre
Pascal Roy
Bonsoir Pascal, Il faut vous adresser à Francis en direct. Ici c’est mon e-magizine, pas celui de ce grand champion ! Avez-vous pensé à le contacter à son magasin aux Minîmes ?